Le froid arrive

Le mois de novembre a été particulièrement doux. Cela ne pouvait durer. Le froid, la neige s’annoncent.

Le vent du week-end a fait un nettoyage dans les feuilles qui tenaient sur les branches par habitude. La vie naturelle semble avoir quitté la surface de la terre.  Elle nidifie, pour mieux se rassembler en son noyau, faisant bon usage de ces mois cachés.

La tentation est de vouloir déjà apercevoir les frêles pousses, de sentir la douceur d’un air vibrant. Patience !

Chaque étape a son importance. Et l’essentiel est invisible pour les yeux.

Gris, brouillard, lune implacable dans un ciel froid, feuilles qui crissent sous les pas, fumées s’élevant au loin, charme d’une saison toute en intériorité. Souvenir de chevaux galopant au loin. Pulls chauds, écharpe, bonnets, plaid enveloppant dont émergent des mains qui tiennent un bol aux senteurs bienfaisantes. Musique chaude.

Ce qui aide à tenir, ce sont tous les instants vécus qui nourrissent le mouvement de vie. Ce qui n’a peut-être pas eu l’air de se passer mais a eu lieu quand même. Ces rencontres fugitives dont il semble ne rester aucune trace. Ont pourtant tissé la trame d’une existence unique. En concoctent le parfum. En distillent la fragrance.

Comment renoncer aux surprises de cette proposition-là ? Plonger dans ce qui est sous les doigts et se détourner du moindre projet s’il vient contrecarrer le flux. Croire que les deuils ne sont qu’une étape vers un à-venir prometteur.

« Qui serait assez insensé pour mourir sans avoir fait au moins le tour de sa prison ? » Marguerite Yourcenar met ces paroles dans la bouche de Zénon dans L’oeuvre au noir.

 

Je vous écris d’une fin de mois de novembre presqu’ordinaire.

Agathe Maldiemme

 

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